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D'EPICURE
ET DE LA
SECTE EPICURIENNE



Ce que les ſaintes Lettres ont dit d’Iſmael, ſe peut fort bien appliquer dans les profanes à ce Philoſophe voluptueux. Il a eu la main levée contre tous les autres : & celle de tout ce qu’ils étoient n’a jamais ceſſé de travailler à ſa ruine. En effet, on peut voir dans Diogene Laërce & dans Heſychius, qu'Epicure prenoit plaiſir à médire de tous ceux qui avoient acquis avoient acquis le plus de réputation dans la Philoſophie. Il n'épargna pas même Democrite, l'appellant ordinairement Lerocrite, ou Cenſeur de bagatelles[1], encore qu'il tint de lui & de Leucippus ſes Atomes imperceptibles, & que ſes Jardins ne fuſſent arroſés que des fontaines du premier, pour parler avec Ciceron, plûtôt qu’avec Lactance, qui dit, qu’Epicure avoit hérité de la folie de tous les deux. Mais ſi ſon humeur ſatyrique ne ſouffroit pas, qu'il épargnât perſonne, auſſi n'a-t-il été exemt des atteintes d'aucun de ceux de ſa profeſſion, & on peut bien le nommer le hibou des Philoſophes, que tous les au-

  1. Lib. 1. de nat. Deor.
    Lib. 3. de falſa Sap. cap. 17.