qui étoit ſavant, mais qui n’étoit pas riche. Cependant, quelque épineuſe que ſoit cette fonction, la regle n’eſt point ſans exception. Il eſt toûjours glorieux & même, agréable de donner ſes foins à des jeunes Princes, ſur tout quand les exemples de ceux à qui ils doivent le jour, préviennent & appuient les inſtructions d’un Précepteur bien choiſi : Il n’y a pas de doute que tout homme chargé de l’éducation ou de l’inſtruction d’un jeune Prince trouvera de grands ſecours dans les Œuvres de Mr. de la Mothe le Vayer. L’on y voit presque partout ſon but principal : un grand fonds de droiture, la réligion & les bonnes mœurs. Il paroit même qu’il s’étudioit plus au fonds & à la ſolidité des ſentimens qu’à la tournure qu’il auroit pu leur donner en ſe gênant ou en poliſſant ſon ſtyle. Il ſentit pourtant qu’il écrivoit pour le Public ; & ce fut pour plaire à ce même Public qu’on voit qu’il eſſaia à la fin de retoucher ſon ſtyle. Sur quoi l’on peut voir ce qu’en dit Vigneul de Marville. « L’Académie le conſiderois comme un de ſes premiers ſujets, mais le monde le regardoit comme un bourru, qui vivoit à ſa fantaiſie & en Philoſophe Sceptique. » Il a négligé de nous dire de quelle eſpèce étoit ce monde, dont il parle, il prévoioit apparemment, qu’il ne mourroit pas ſitôt, « ſa phyſionomie, continue l’auteur, & ſa manière de s’habiller, faiſoient juger à quiconque le voioit, que c’étoit un homme extraordinaire. Il marchoit toûjours, la tête levée, & les yeux attachés aux Enſeignes des ruës par-où il paſſoit ; » & c’eſt par cette raiſon, que Vigneul,