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DE Mr. LE VAYER.


une forte preuve, que ſa jeuneſſe n’avoit point été négligée, & qu’il n’avoit pû donner dans aucun dérangement conſidérable.

Il avoit pour la Juriſprudence & le parti de la Robe des exemples vivans, tant dans la perſonne de ſon Pere, que dans toute ſa Parentée, ainſi qu’il étoit pour ainſi dire, entouré de la Robe. Il nous ſuffira, pour apuïer cette conjecture, de rapporter ce qu’en dit un Ecrivain en 1682. [Mercure galant. Mars 1682]Nous le citons avec d’autant plus d’empreſſement, que nos lecteurs y verront en même tems des traits, qui peignent bien le diſcernement & la bonté d’un grand Roi, qui aime les lettres, qui encourage & protége ceux qui les cultivent. Voici comment il s’exprime :

Le choix qu’on fait tous les jours des perſonnes les plus diſtinguées par des grandes qualités pour leur confier les affaires importantes, nous fait voir depuis long tems, qu’il ſuffit d’avoir du mérite, pour être parfaitement connû de S. M. & pour parvenir aux plus grands emplois. C’eſt ce qui vient encore de paroître en la perſonne de Mr. le Vayer de Boutigny, Maître des Requêtes, nommé à l’intendance de Soiſſons, ſans qu’il ait donné aucune marque de la ſouhaiter. On peut même dire, qu’il l’a acceptée avec peine. On lui a donné quinze jours pour en écrire à Madame ſa femme, qui eſt au Maine ; après quoi on lui a marqué de la part du Roi, que s’agiſſant du ſervice de l’Etat, il ne falloit pas qu’il balançât davantage. Ce refus marque mieux la juſtice du choix de S. M. & le mérite de ce nouvel Intendant, que tout ce que j’en pourrois dire.


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