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re du sort de Clairette, & prendre en enrageant le chemin de mon Abbaye.

Le souvenir de cette malheureuse Maîtresse m’occupa pendant tout le cours de mon voyage : ce n’est pas que je fusse prévenu d’une inclination violente pour elle, mais j’ai toujours eu le cœur bon & compatissant, & j’étois véritablement touché du sort de cette pauvre enfant, dont j’avois en quelque sorte occasionné la perte ; cependant la nécessité m’obligea de mettre des bornes à mon inquiétude, jusqu’à ce que mon retour à Paris me fournît l’occasion de lui rendre des services plus essentiels que celui de m’affliger inutilement pour elle : je fis aussi bien des réflexions sur le lieu de mon exil, & sur la vie que j’allois y mener, je m’en faisois d’avance une image affreuse, jamais mon inclination ne s’étoit tournée du côté de la vie champêtre, je détestois tout ce