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aucun moyen d’échapper à notre rage, il prit le parti, malgré la rigueur de la saison, de se jetter à corps perdu dans un bassin qui servoit à abreuver les chevaux & le bétail. Content de ma vengeance, & satisfait de le laisser dans un lieu si capable d’éteindre les feux de sa lubricité, nous sortîmes sans que personne osât nous disputer le passage, & je fus rejoindre ma voiture dans un endroit écarté où elle m’attendoit ; j’y trouvai la soubrette qui nous avoit si bien servi, qui n’avoit pas jugé à propos de courir les risques de rester avec sa maîtresse après lui avoir rendu un pareil service : un de mes gens lui avoit promis de l’épouser, ainsi je me chargeai d’elle sans scrupule, & nous reprîmes le chemin de mon Abbaye.

J’y trouvai en arrivant des lettres qui m’apprenoient que mon Pere étoit à la derniére extrémité, & qu’il vou-