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Souffre, belle Thémire, que je me rappelle ici jusqu’aux moindres diſcours que tu ſoupirois la premiere fois… Quel combat enchanteur de la vertu, de l’eſtime & de l’Amour ! comme à des mouvemens ingrats il en ſucceda peu à peu de plus doux qui ne t’inquiétoient pas moins ! je vois tes paupieres mourantes, prêtes à fermer des yeux adoucis, attendris par l’Amour. Le rideau du plaiſir fut bientôt tiré devant eux ; la force t’abandonnoit avec la raiſon, tu ne voyois plus, tu ne ſavois ce que tu allois devenir, tu craignois, hélas que cette ſimplicité ajoutoit à tes charmes & à mon Amour ! tu