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le cœur s’enflamme, les baiſers s’allument… mais n’en donnez point encore ; revenez ſur vos pas, qui vous preſſe ? Etes vous donc las de jouir ? Levez de nouveau çà & là doucement le voile léger qui cache à vos yeux tant d’attraits… Je ne vous retiens plus, eh ! le pourrois-je ? Heureux Pigmalion, vous avez une Statue vivante que vous brûlez d’animer ! Déja le front, les yeux, l’incarnat des jouës, ces levres vermeilles où ſe plait l’amour, cette gorge d’Albâtre où ſe perdent les deſirs, ont reçu cent fois tour à tour vos timides baiſers : déja la ſenſible Flore ſemble s’animer ſous la douce ha-