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tant plus ardens, qu’il ne ſera pas diſtrait de vous, par vous même. Il ſoupirera dans le fort de ſa tendreſſe, il parlera même & vous pourrez lui répondre ; mais que ce ſoit très doucement : gardez-vous ſur-tout de le ſeconder, vous l’éveilleriez par les moindres efforts, laiſſez le venir à bout des ſiens ; repréſentez vous tous les plaiſirs que goûte ſon ame, l’imagination peint mieux à l’œil fermé, qu’à l’œil ouvert ; figurez vous comme vous y êtes divinement gravée ! Jouiſſez de toute ſa volupté, dans un calme profond & dans un parfait abandon de vous même ; oubliez²²