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mene, quoi ! vous m’aimez ! & vous ne ferez pas tout pour moi ! Il m’en coutera peut-être plus qu’à vous, interrompt elle, mais la tendreſſe eſt la volupté des cœurs. Ce que je vous refuſe en plaiſirs, vous l’aurez en ſentimens. Il n’y a pas dans toute mon ame un ſeul mouvement qui ne m’approche de vous ; un ſeul ſoupir qui ne tende vers les lieux où le Deſtin vous appelle. Ne ſentez vous donc point, Isménias, le prix de tant d’amour, le prix d’un cœur qui n’a jamais aimé, d’un cœur qui ſait aimer, dans ces momens où les autres femmes ne ſavent que jouir ?