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que le génie méconnoit & que la volupté dédaigne. Le bel Eſprit du ſiécle ne m’a point corrompu ; le peu que la Nature m’en réſervoit, je l’ai pris en ſentimens. Que tout reſſente ici le deſordre des Paſſions, pourvû que le feu qui m’emporte ſoit digne, s’il ſe peut, du Dieu qui m’inſpire !

Auguſte Divinité, qui protegeas les chants immortels de Lucrece, ſoutiens ma foible voix. Eſprits mobiles & déliés, qui circulez librement dans mes veines, portez dans mes écrits cette raviſſante volupté que vous faites ſans ceſſe voler dans mon cœur.