Page:La Mettrie - L’art de joüir, 1751.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
123

Je ſuis jaloux de ton bonheur, trop heureux pêcher. La Nature t’a traité en mere, & l’homme en marâtre. Un doux Zéphir a ſoufflé dans les airs, une nouvelle chaleur te rappelle à la vie ; tes boutons paroiſſent, ſe développent bientôt ornés de fleurs ; tu ſeras enfin chéri pour tes excellens fruits ! Combien de Printems t’ont rajeuni ! Combien d’autres te rajeuniront encore, tandis que le premier de l’homme, hélas ! eſt auſſi ſon dernier ! Quoi cet Arbre fleuri qui fait l’honneur du champ, qui a plus de ſentiment que tous les Etres enſemble, ne ſeroit qu’une Plante éphémere, écloſe le