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ne l’en croit que plus trompeur. Sa virginité lui eſt moins chere que ſon amour ; ſans doute ſa curioſité ſeroit voluptueuſement ſatisfaite avec celle de ſon amant ; en faiſant tout pour lui, elle croit n’avoir rien fait, parceque ce n’eſt point avec lui : elle le refuſe moins qu’elle même ; mais enfin elle craint les fruits d’un amour éperdu ; elle n’entend plus que la voix d’un fantôme qui lui dit de ſe reſpecter. Quelque exceſſive que ſoit la tendreſſe d’un cœur qui n’a jamais aimé, elle n’eſt point à l’épreuve de l’infamie. Dieu puiſſant ! ſe peut-il qu’une foible mortelle que tu as ſi facile-