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enfans héritèrent: de celle qui dans le même Etat, mangea son mari; de cette autre qui égorgeoit les enfans, saloit leurs corps, & en mangeoit tous les jours comme du petit salé: de cette fille de Voleur Antropophage, qui la devine à 12 ans, quoiqu'aiant perdu Père & Mère à l'age d'un an, elle eût été élevée par d'honnêtes gens; pour ne rien dire de tant d'autres exemples dont nos observateurs sont remplis; & qui prouvent tous qu'il est mille vices & vertus héréditaires, qui passent des parens aux enfans, comme ceux de la Nourice, à ceux qu'elle allaite. Je dis donc & j'accorde que ces malheureux ne sentent pas pour la plupart sur le champ l'énormité de leur action. La Boulymie, par exemple, ou la faim canine peut éteindre tout sentiment; c'est une manie d'estomac qu'on est forcé de satisfaire. Mais revenües à elles-mêmes, & comme désenivrées, quels remords pour ces femmes qui se rappellent le meurtre qu'elles ont commis dans ce qu'elles avoient de plus cher! quelle punition d'un mal involontaire, auquel elles n'ont pu résister, dont elles n'ont