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DÉDICACE

compoſer cet ouvrage, dont je veux parler ; c’eſt moi-même, & non mon livre que je vous adreſſe, pour m’éclairer ſur la nature de cette ſublime Volupté de l’Étude. Tel eſt le ſujet de ce Diſcours. Je ne ſerois pas le premier Écrivain, qui, n’aiant rien à dire, pour réparer la Stérilité de ſon Imagination, auroit pris un texte, où il n’y en eut jamais. Dites-moi donc, Double Enfant d’Apollon, Suisse Illuſtre, Fracaſtor Moderne, vous qui ſavez tout à la fois connoître, meſurer la Nature, qui plus eſt la ſentir, qui plus eſt encore l’exprimer : ſavant Médecin, encore plus grand Poëte, dites-moi par quels charmes l’Étude peut changer les Heures en momens ; quelle eſt la Nature de ces plaiſirs de l’Eſprit, ſdifférens des plaiſirs vulgaires… Mais la lecture de vos charmantes Poëſies m’en a trop pénétré moi-même, pour que je n’eſſaie pas de dire ce qu’elles m’ont inſpiré. L’Homme, conſideré dans ce point de vue, n’a rien