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personne n'en disconvient. Mais enfin il a connu la Nature Animale; il a le premier parfaitement démontré que les Animaux étoient de pures Machines. Or après une découverte de cette importance, & qui suppose autant de sagacité, le moien sans ingratitude, de ne pas faire grace à toutes ses erreurs!

Elles sont à mes yeux toutes réparées par ce grand aveu. Car enfin, quoi qu'il chante sur la distinction des deux substances; il est visible que ce n'est qu'un tour d'adresse, une ruse de stile, pour faire avaler aux Théologiens un poison caché à l'ombre d'une Analogie qui frappe tout le Monde, & qu'eux seuls ne voient pas. Car c'est elle, c'est cette forte Analogie, qui force tous les Savans & les vrais juges d'avouër que ces êtres fiers & vains, plus distingués par leur orgueil, que par le nom d'Hommes, quelque envie qu'ils aient de s'élever, ne sont au fond que des Animaux, & des Machines perpendiculairement rampantes. Elles ont toutes ce merveilleux Instinct, dont l'Education fait de l'Esprit, & qui a toujours son siége dans le Cerveau, & à son défaut,