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de chaque substance est plus ou moins fort encore, suivant les restes de la vie, auxquels il survit, pour expirer le dernier. Tant il est vrai que cette force des parties animales peut bien se conserver & s'augmenter par celle de la Circulation, mais qu'elle n'en dépend point, puisqu'elle se passe même de l'intégrité de chaque Membre, ou Viscère, comme on l'a vû!

Je n'ignore pas que cette opinion n'a pas été goutée de tous les Savans, & que Staahl sur-tout l'a fort dédaignée. Ce grand Chymiste a voulu nous persuader que l'Ame étoit la seule cause de tous nos mouvemens. Mais c'est parler en Fanatique, & non en Philosophe.

Pour détruire l'hypothèse Staahlienne, il ne faut pas faire tant d'efforts que je vois qu'on en a faits avant moi. Il n'y a qu'à jetter les yeux sur un joüeur de violon. Quelle souplesse! Quelle agilité dans les doigts! Les mouvemens sont si prompts, qu'il ne paroît presque pas y avoir de succession. Or je prie, ou plutôt je défie les Staahliens de me dire, eux qui connoissent si bien tout ce que peut notre Ame, comment il seroit possible