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a mieux connüe que tous les Leibnitiens, vous connoitrez l'Unité matérielle de l'Homme. Car enfin si la tension des nerfs qui fait la douleur, cause la fièvre, par laquelle l'Esprit est troublé, & n'a plus de volonté; & que réciproquement l'Esprit trop exercé trouble le corps, & allume ce feu de consomption qui a enlevé Bayle dans un âge si peu avancé; si telle titillation me fait vouloir, me force de désirer ardemment ce dont je ne me souciois nullement le moment d'auparavant; si à leur tour certaines traces du Cerveau excitent le même prurit & les mêmes désirs, pourquoi faire double, qui n'est évidemment qu'un? C'est en vain qu'on se récrie sur l'empire de la Volonté. Pour un ordre qu'elle donne, elle subit cent fois le joug. Et quelle merveille que le corps obéisse dans l'état sain, puisqu'un torrent de sang & d'esprits vient l'y forcer; la volonté aiant pour Ministres une légion invisible de fluides plus vifs que l'Eclair, & toujours prêts à la servir! Mais comme c'est par les Nerfs que son pouvoir s'exerce, c'est aussi par eux qu'il est