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de cette force innée dans nos corps; je répons qu'elle réside très clairement dans ce que les Anciens ont appellé Parenchyme; c'est-à-dire dans la substance propre des parties, abstraction faite des Veines, des Artères, des Nerfs, en un mot de l'Organisation de tout le corps; & que par conséquent chaque partie contient en soi des ressorts plus ou moins vifs, selon le besoin qu'elles en avoient.

Entrons dans quelque détail de ces ressorts de la Machine humaine. Tous les mouvemens vitaux, animaux, naturels, & automatiques se font par leur action. N'est-ce pas machinalement que le corps se retire, frappé de terreur à l'aspece d'un précipice inattendu? que les paupières se baissent à la menace d'un coup, comme on l'a dit? que la Pupille s'érrécit au grand jour pour conserver la Rétine, & s'élargit pour voir les objets dans l'obscurité? N'est-ce pas machinalement que les pores de la peau se ferment en Hyver, pour que le froid ne pénètre pas l'intérieur des vaisseaux? que l'estomac se soulève, irrité par le poison, par une certaine quantité d'Opium,