sans retenue ? Soyez sûres qu’ils vous trompent, qu’ils ne sont qu’impétueux, que vous n’êtes pas vous-mêmes ce qu’ils aiment le plus en vous, & qu’en un mot, c’est à leur seul plaisir qu’ils sacrifient.
Telle est la distindion avec laquelle un véritable amant sert l’amour. A-t-il une maîtresse avide ? ce que le corps lui refuse, est abondamment compensé par le mérite & les recherches de l’industrieuse volupté. Sur-tout,
Il ne perd point à connoître
Un temps destiné pour jouir.
S’il examine quelquefois, ce n’est que pour augmenter son plaisir.
Convenons donc que les plus impuissans efforts d’un amant voluptueux, tournent plus à la gloire de l’amour, que le plaisir fugitis de ces espèces d’animaux, qui ne sentiroient rien, sans la force & l’élasticité de leurs organes. Le voluptueux seul, à l’ombre de la volupté, réunit toutes les iilusions seul il jouit de toutes ses idées, il les appelle, il les réveille, & caresse en quelque sorte celles qui lui plaisent, au gré de son imagination lubrique : non que je sâche comment l’imagination broie ses couleurs ; mais l’image du plaisir qui en résulte, paroît être le plaisir même.