la beauté même, & souvent est encore plus séduisante. Doux souvenirs de mes plaisirs passés, ne me quittez jamais ! De quelle douce & molle volupté je me sens pénétré ! Dieux puislans ! se peut-il que les organes du corps suffisent à tant de bonheur ? Non, de si grands biens ne peuvent appartenir qu’à l’âme, & je la reconnois immortelle à ses plaisirs.
Amour ! combien peu sentent le prix de tes bontés ! combien peu se respectent eux-mêmes dans les bras de la volupté ! Oui, ceux qui sont capables de la moindre distraction, ceux à qui tes plaisirs ne tiennent pas lieu de tous les autres, pour qui tu n’es pas tout l’univers ; ceux-là, dis-je, indignes du rang de tes élus, le sont de tes faveurs ; plus ils te sacrifient, plus ils souillent tes autels & profanent ton temple. Ce sont des impudiques, & non des voluptueux, assez semblables à ces victimes de la débauche publique, qui sont forcées de jouer tes plaisirs pour en donner.
Mais ne crains rien, Céphise, si ces impures m’ont quelquesois séduit par leurs attraits ; c’étoit pour mieux t’assurer mon cœur, comme je ne crains pas qu’un libertin me ravisse le tien. Nous sentons trop vivement l’un & l’autre : nous avons connu ensemble tout le prix de la tendresse & de la volupté. Avec quel transport je me rappelle jus-