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piration, et d’enchanter mon âme, quand tu ne me sembles chercher qu’à l’amuser : elle vole avec la tienne, autour de l’aimable Zéïnis : avec quelle joie, je vois l’amour allumer enfin des désirs, qu’il eut tant de peine à effleurer ! Que l’exemple de cette jeune enfant ne vous fasse point trembler, bergères ; ce mal que vous lui voyez souffrir, est indispensable, lorsque l’amour sait sa première entrée dans un cœur : partagez seulement l’émotion qui suit ce changement d’état, pour le désirer ; & n’en craignez point la douleur. Le cri que vous entendez, est le cri d’une victoire, dont tout le fruit sera pour Zéïnis, & la gloire pour son vainqueur.

Poursuis, cher Crébillon, achève des peintures qui enchantent l’univers ; tous les objets que tu manies, variés sans cesse avec un art admirable, forment une chaîne délicate de fleurs d’esprit & de sentimens du cœur, où le mien, aujourd’hui ravi, perdra tout son bonheur, lorsqu’il n’y sera plus attaché. Ah ! pourquoi, encore une fois, pourquoi n’as-tu pas pardonné, que dis-je ? applaudi à de tendres égaremens, dont tu n’as pu te garantir toi-même ? Mais désormais plus reconnoissant, que la volupté n’ait plus à gémir de te voir tremper son pinceau, dans des couleurs qu’elle désavoue.

Mais à quel genre de volupté plus épurée, suis-