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de la volupté ! Oui, sans doute, j’aurois été moins heureuse, si l’amour ne m’eût pas donné le temps de délirer ses faveurs.

Combien d’autres traits charmans je pourrois rapporter ! Pétrone donneroit envie de le lire, à quiconque auroit seulement du goût pour le plaisir ; il inspire tout celui qu’il a ; il conduit au temple de la volupté par un grand chemin tout semé de fleurs. Que dis-je ! c’est par la volupté même, que ce courtisan trop aimable perfectionne, épure le sentiment de ceux qui le lisent avec un esprit digne de lui.

Il est une autre Vénus, une autre sorte de plaisir, & d’autres maîtres de volupté. Voluptueux sans crapule & sans débauche, sensuels enfans du plaisir, dont ils sont plutôt économes que sectateurs, ils boivent, pour ainsi dire, la volupté à longs traits ; ils n’ont pas une seule sensation sur laquelle il ne se replient en quelque sorte mollement ; & cette mollesse, par laquelle une impression plus profonde pénètre intimement les sens, est la vraie sensualité.

Essayons de mieux faire sentir la différence du caractère de ces divers écrivains. Chez ceux que nous avons appellés obscènes & impudiques, la nature violant toutes les loix de la pudeur & de la retenue, & ne semblant connoître que celle de l’indécence & de la lubricité, n’offre à nos sens agités, que l’écumante lascivité de ses mouvemens