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seulement tes beaux bras, & tout Paris est plus enchanté qu’Amadis même !

Nouvelle Terpsicore, je n’ai point à regretter ce genre de plaisirs. Sage C***, vous avez plus d’art, sans manquer de grâces. D***, charmante D***, vous avez plus de grâces, sans manquer d’art. Brillantes rivales, vous faites l’une & l’autre l’honneur des ballets d’Apollon.

Qu’entends-je ! Le dieu du chant seroit-il descendu sur la terre ! Quels sons ! quel desespoir ! Quels cris ! Nouvel Atis, aimable Jéliote ! sers-toi de tout l’empire que tu as sur les cœurs sensibles : non jamais la puissance d’Orphée n’égala la tienne ! Et toi, frêle & surprenante machine, qui n’as point été faite pour penser, le Maure, remercie l’amour de t’avoir organisée pour chanter ; tu ravis nos âmes par les sons de ta voix !

De combien de façons n’intéresses-tu pas nos cœurs, puissante Vénus, lors même que tu persécutes une malheureuse, dont le crime est celui des dieux ! Mérope, mère incomparable, ta tendresse est éperdue, c’est presque de l’amour. Je ne t’oublie point, adorable Zaïre, j’ai pour toi les yeux d’Orosmane ; oui, tu étois digne d’un plus heureux destin. Pourquoi faut-il qu’une flamme aussi pure soit éteinte par des préjugés que tu n’avois pas ? L’amour devoit-il souffrir qu’on éclairât