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après elles un ſillon de lumière qui montre leur route.

Oui, vous ſeuls pouvez m’inſpirer, enfans gâtés de la nature & de l’amour, vous que ce dieu a pris ſoin de former lui-même, pour ſervir à des projets dignes de lui, je veux dire, au bonheur du genre humain ; échauffez-moi de votre génie, ouvrez-moi le ſanctuaire de la nature, éclairé par l’amour : nouveau, mais plus heureux Prométhée, que j’y puiſe ce feu ſacré de la volupté, qui dans mon cœur, comme dans ſon temple, ne s’éteigne jamais ; & qu’Epicure enſin paroiſſe ici, tel qu’il eſt dans tous les cœurs. Ô nature, ô amour, puiſſé-je ſaire paſſer dans l’éloge de vos charmes tous les tranſports avec leſquels je ſens vos bienfaits !

Venez, Phylis, deſcendons dans ce vallon tranquille ; tout dort dans la nature, nous ſeuls ſommes éveillés : venez ſous ces arbres, où l’on n’entend que le doux bruit de leurs feuilles ; c’eſt le zéphir amoureux qui les agite ; voyez comme elles ſemblent planer l’une ſur l’autre, & vous font ſigne de les imiter.

Parlez, Phylis, ne ſentez-vous pas quelque mouvement délicat, quelque douce langueur qui vous eſt inconnue ? Oui, je vois l’heureuſe impreſſion que vous fut ce myſtérieux aſyle : le brillant de vos yeux s’adoucit, votre ſang coule avec plus de