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subtilités, je ne supposerai rien, regardant tout ce qui ne frappe pas mes sens, comme un mystère impénétrable. Il est si rare que les deux semences se rencontrent dans le congrès, que je serois tenté de croire que la semence de la femme est inutile à la génération.

Mais comment en expliquer les phénomènes, sans ce commode rapport de parties, qui rend si bien raison des ressemblances des enfans, tantôt au père, & tantôt à la mère. D’un autre côté l’embarras d’une explication doit-elle contrebalancer un fait ? Il me paroît que c’est le mâle qui fait tout, dans une femme qui dort, comme dans la plus lubrique. L’arrangement des parties seroit donc fait de toute éternité dans le germe ; ou dans le ver même de l’homme. Mais tout ceci est fort au-dessus de la portée des plus excellens observateurs. Comme ils n’y peuvent rien saisir, ils ne peuvent pas plus juger de la mécanique de la formation & du mouvement des corps, qu’une taupe, du chemin qu’un cerf peut parcourir.

Nous sommes de vraies taupes dans le chemin de la nature ; nous n’y faisons guères que le trajet de cet animal ; & c’est notre orgueil qui donne des bornes à ce qui n’en a point. Nous sommes dans le cas d’une montre qui diroit : (un fabuliste en feroit un personnage de conséquence dans un ouvrage frivole) « quoi ! c’est ce sot ouvrier qui