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se dilatant forme d’abord le thorax, où le cœur a déjà descendu pour s’y fixer ; après quoi vient le bas-ventre, qu’une cloison (le diafragme) sépare. Ces dilatations donnent l’une, les bras, les mains, les doigts, les ongles, & les poils ; l’autre les cuisses, les jambes, les pieds, &c. avec la seule différence de situation qu’on leur connoît, qui fait l’appui & le balancier du corps. C’est une végétation frappante. Ici ce sont des cheveux qui couvrent le sommet de nos têtes ; là ce sont des feuilles & des fleurs ; par-tout brille le même luxe de la nature ; & enfin l’esprit recteur des plantes est placé où nous avons notre âme, cette autre quintessence de l’homme.

Telle est l’uniformité de la nature qu’on commence à sentir, & l’analogie du règne animal & végétal, de l’homme à la plante. Peut-être même y a-t-il des plantes animales, c’est-à-dire, qui en végétant, ou se battant comme les polypes, font d’autres fonctions propres aux animaux.

Voilà à peu près tout ce qu’on sait de la génération. Que les parties qui s’attirent, qui sont faites pour s’unir ensemble, & pour occuper telle ou telle place, se réunissent toutes suivant leur nature ; & qu’ainsi se forment les yeux, le cœur, l’estomac, & enfin tout le corps, comme de grands hommes l’ont écrit, cela est possible. Mais comme l’expérience nous abandonne au milieu de ces