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la preuve ? Ils prétendent que sur les traces de ce benêt si géométriquement ténébreux, vous avez formé, monsieur l’esprit fort, un labyrinthe d’athéisme, tortueux, obscur, avec cent mille portes d’entrée, comme le sien, sans en avoir une de sortie. Si cela est, si vos écrits sont un nouveau dédale, où le fil de la raison ne conduisit jamais, si vous êtes, en un mot, sectateur du propre systême de Spinosa, vous méritez sans contredit le nom qu’on vous donne de pitoyable & embrouillé personnage ; mais si Spinosa moderne (supposé qu’on vous prouve, ce que je ne crois pas, que vous le soyez ) vous êtes aussi profond que l’ancien est superficiel, aussi clair, aussi lumineux, aussi suivi que l’autre est rempli de ténèbres, jusques dans les nouvelles idées qu’il lui a plu d’attacher aux mots dont il s’est servi : si enfin c’est par une toute autre voie que vous avez été forcé d’arborer les mêmes étendards, quel nom donner à votre tour à un aussi plat bavard que votre prétendu antagoniste ? On dit plus encore : vous avez dû, parlant à lui-même, vous avouer franchement Spinosiste. Calomnie, dites-vous : tant pis, mon cher ; car on n’en croira rien ; une bouche sacrée purifie l’imposture, comme Socrate les lieux qu’il habitoit.

Je passe, mon esprit, aussi vite que l’anonyme aux salutaires conclusions de votre ouvrage. Je