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dans son origine, comme dans tout ce que nous avons déjà cru essentiel de comparer.

J’en appelle à la bonne foi de nos observateurs. Qu’ils nous disent s’il n’est pas vrai que l’homme dans son principe n’est qu’un ver, qui devient homme, comme la chenille, papillon. Les plus graves[1] auteurs nous ont appris comment il faut s’y prendre pour voir cet animalcule. Tous les curieux l’ont vu, comme Hartsoeker, dans la semence de l’homme, & non dans celle de la femme ; il n’y a que les sots qui s’en soient fait scrupule. Comme chaque goute de sperme contient une infinité de ces petits vers, lorsqu’ils sont lancés à l’ovaire, il n’y a que le plus adroit, ou le plus vigoureux qui ait la force de s’insinuer & de s’implanter dans l’œuf que fournit la femme, & qui lui donne sa première nourriture. Cet œuf, quelquefois surpris dans les trompes de Fallope, est porté par ces canaux à la matrice, où il prend racine, comme un grain de blé dans la terre. Mais quoiqu’il y devienne monstrueux par sa croissance de neuf mois, il ne diffère point des œufs des autres femelles, si ce n’est que sa peau (l’amnios) ne se durcit jamais & se dilate prodigieusement, comme on en peut juger, en comparant le fœtus trouvé en situation & prêt d’éclore, (ce que j’ai eu le plaisir

  1. Boerh. Inft. Med. & tant d’autres.