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que tant que le mouvement subsiste, si petit qu’il soit dans une ou plusieurs fibres ; il n’y a qu’à les piquer, pour réveiller, animer ce mouvement presque éteint, comme on l’a vu dans cette foule d’expériences dont j’ai voulu accabler les systèmes. Il est donc constant que le mouvement & le sentiment l’excitent tour à tour, & dans les corps entiers, & dans les mêmes corps dont la structure est détruite, pour ne rien dire ce certaines plantes qui semblent nous offrir les mêmes phénomènes de la réunion du sentiment & du mouvement.

Mais de plus, combien d’excellens philosophes ont démontré que la pensée n’est qu’une faculté de sentir, & que l’âme raisonnable, n’est que l’âme sensitive appliquée à contempler les idées, & à raisonner ! ce qui seroit prouvé par cela seul que lorsque le sentiment est éteint, la pensée l’est aussi, comme dans l’apoplexie, la léthargie, la catalepsie &c. ; car ceux qui ont avancé que l’âme n’avoit pas moins pensé dans les maladies soporeuses, quoiqu’elle ne se souvînt pas des idées qu’elle avoit eues, ont soutenu une chose ridicule.

Pour ce qui est de ce dévelopement, c’est une folie de perdre le tems à en rechercher le mécanisme. La nature du mouvement nous est aussi inconnue que celle de la matière. Le moyen de découvrir comment il s’y produit, à moins que de ressusciter avec l’auteur de l'Histoire de l’Âme,