Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome troisième, 1796.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

encore les parties qui se contractent, sans être désormais irritées par le sang & les esprits. D’où l’on voit que ces écrivains, dont les ouvrages solides éclipsent aisément toutes les fables philosophiques, ne se sont trompés que sur le modèle de ceux qui ont donné à la matière la faculté de penser, je veux dire, pour s’être mal exprimés, en termes obscurs, & qui ne signifient rien. En effet, qu’est-ce que ce reste d’âme, si ce n’est la force motrice des Leibnitiens, mal rendue par une telle expression, & que cependant Perrault sur-tout a véritablement entrevue ? V. son Traité de la Mécanique des Animaux.

À présent qu’il est clairement démontré contre les Carthésiens, les Staahliens, les Mallebranchistes, & les Théologiens peu dignes d’être ici placés, que la matière se meut par elle-même, non-seulement lorsqu’elle est organisée, comme dans un cœur entier, par exemple, mais lors même que cette organisation est détruite, la curiosité de l’homme voudroit savoir comment un corps, par cela même qu’il est originairement doué d’un soufle de vie, se trouve en conséquence orné de la faculté de sentir, & enfin par celle-ci de la pensée. Et pour en venir à bout, ô bon dieu ! quels efforts n’ont pas faits certains philosophes ! et quel galimathias j’ai eu la patience de lire à ce sujet !

Tout ce que l’expérience nous apprend, c’est