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point de douleur, point de langueur, ni honteuse impuissance, ni fâcheux priapisme. L’âme veut, & les ressorts jouent, se dressent, ou se débandent. Comment ceux de la machine de Staahl se sont-ils si tôt détraqués ? Qui a chez soi un si grand médecin, devroit être immortel.

Staahl au reste n’est pas le seul qui ait rejetté le principe d’oscillation des corps organisés. De plus grands esprits ne l’ont pas employé, lorsqu’ils ont voulu expliquer l’action du cœur, l’érection du penis &c. Il n’y a qu’à lire les Institutions de Médecine de Boerhaave, pour voir quels laborieux & séduisans systêmes, faute d’admettre une force aussi frappante dans tous les corps, ce grand homme a été obligé d’enfanter à la sueur de son puissant génie.

Willis & Perrault, esprits d’une plus foible trempe, mais observateurs assidus de la nature, que le fameux professeur de Leyde n’a connue que par autrui, & n’a eue, pour ainsi dire, que de la seconde main, paroissent avoir mieux aimé supposer une âme généralement répandue par-tout le corps, que le principe dont nous parlons. Mais dans cette hypothèse qui fut celle de Virgile, & de tous les Épicuriens, hypothèse que l’histoire du polype sembleroit favoriser à la premiere vue, les mouvemens qui survivent au sujet dans lequel ils sont inhérens, viennent d’un reste d’âme, que conservent