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muscles & le cœur, comme s’ils y étoient envoyés par ordre de la volonté.

Ce sont donc les causes ou les forces de la vie qui entretiennent ainsi durant cent ans le mouvement perpetuel des solides & des fluides, aussi nécessaire aux uns qu’aux autres. Mais qui peut dire si les solides contribuent à ce jeu, plus que les fluides, & vice versâ ? Tout ce qu’on sait, c’est que l’action des premiers seroit bientôt anéantie, sans le secours des seconds. Ce sont les liqueurs qui par leur choc éveillent & conservent l’élasticité des vaisseaux, de laquelle dépend leur propre circulation. De-là vient qu’après la mort, le ressort naturel de chaque substance est plus ou moins fort encore, suivant les restes de la vie, auxquels il survit, pour expirer le dernier. Tant il est vrai que cette force des parties animales peut bien se conserver & s’augmenter par celle de la circulation, mais qu’elle n’en dépend point, puisqu’elle se passe même de l’intégrité de chaque membre, ou viscère, comme on l’a vu.

Je n’ignore pas que cette opinion n’a pas été goûtée de tous les savans, & que Staahl sur-tout l’a fort dédaignée. Ce grand chymiste a voulu nous persuader que l’âme étoit la seule cause de tous nos mouvemens. Mais c’est parler en fanatique, & non en philosophe.

Pour détruire l’hypothèse Staahlienne, il ne faut