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par quelques degrés de force, & jamais par leur nature ; & par consequent l’âme n’est qu’un principe de mouvement, ou une partie matérielle sensible du cerveau, qu’on peut, sans craindre l’erreur, regarder comme un ressort principal de toute la machine, qui a une influence visible sur tous les autres, & même paroît avoir été fait le premier ; en sorte que tous les autres n’en seroient qu’une émanation, comme on le verra par quelques observations que je rapporterai, & qui ont été faites sur divers embryons.

Cette oscillation naturelle, ou propre à notre machine, & dont est douée chaque fibre, &, pour ainsi dire, chaque élément fibreux, semblable à celle d’une pendule, ne peut toujours s’exercer. Il faut la renouveler, à mesure qu’elle se perd, lui donner des forces, quand elle languit, l’affoiblir lorsqu’elle est opprimée par un excès de force & de vigueur. C’est en cela seul que la vraie médecine consiste.

Le corps n’est qu’une horloge, dont le nouveau chyle est l’horloger. Le premier soin de la nature, quand il entre dans le sang, c’est d’y exciter une sorte de fièvre, que les chymistes qui ne rêvent que fourneaux, ont dû prendre pour une fermentation. Cette fièvre procure une plus grande filtration d’esprits, qui machinalement vont animer les