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Puisqu’il est des communications évidentes entre la mère & l’enfant[1], & qu’il est dur de nier des faits rapportés par Tulpius, & par d’autres écrivains aussi dignes de foi (il n’y en a point qui le soient plus), nous croirons que c’est par la même voit que le fœtus ressent l’impétuosité de l’imagination maternelle, comme une cire molle reçoit toutes sortes d’impressions ; & que les mêmes traces ou envies de la mère peuvent s’imprimer sur le fœtus, sans que cela puisse se comprendre, quoi qu’en disent Blondel & tous ses adhérens. Ainsi nous faisons réparation d’honneur au P. Mallebranche, beaucoup trop raillé de sa crédulité par des auteurs qui n’ont point observé d’assez près la nature, & ont voulu l’assujettir à leurs idées.

Voiez le portrait de ce fameux Pope, au moins le Voltaire des Anglois. Les efforts, les nerfs de son génie sont peints sur sa physionomie ; elle est toute en convulsion ; ses yeux sortent de l’orbite, ses sourcils s’élèvent avec les muscles du front. Pourquoi ? c’est que l’origine des nerfs est en travail, & que tout le corps doit se ressentir d’une espèce d’accouchement aussi laborieux. S’il n’y avoit une corde interne qui tirât ainsi celles du dehors, d’où viendroient tous ces phénomènes ? Admettre une âme,

  1. Au moins par les vaisseaux. Est-il sûr qu’il n’y en a point par les nerfs ?