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tives qui s’offrent d’un côté, sont aussi-tôt détruites par celles qui se montrent de l’autre. Cependant, reprit-il, l’univers ne sera jamais heureux, à moins qu’il ne soit athée. Voici quelles étoient les raisons de cet abominable homme. Si l’athéisme, disoit-il, étoit généralement répandu, toutes les branches de la religion seroient alors détruites & coupées par la racine. Plus de guerres théologiques ; plus de soldats de religion ; soldats terribles ! la nature, infectée d’un poison sacré, reprendroit ses droits & sa pureté. Sourds à toute autre voix, les mortels tranquilles ne suivroient que les conseils spontanés de leur propre individu ; les seuls qu’on ne méprise point impunément, & qui peuvent seuls nous conduire au bonheur par les agréables sentiers de la vertu.

Telle est la loi naturelle ; quiconque en est rigide observateur, est honnête homme, & mérite la confiance de tout le genre humain. Quiconque ne la suit pas scrupuleusement, a beau affecter les spécieux dehors d’une autre religion, c’est un fourbe, ou un hypocrite dont je me défie.

Après cela, qu’un vain peuple pense différemment ; qu’il ose affirmer qu’il y va de la probité même à ne pas croire la révélation ; qu’il faut en un mot une autre religion, que celle de la nature, quelle qu’elle soit ! quelle misère ! quelle pitié ! & la bonne opinion que chacun nous donne de celle