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des Raïs &c. eh bien ! que m’apprendront-ils ? ou plutôt que m’ont-ils appris ? ou plutôt que m’ont-ils appris ? Ce ne sont que d’ennuyeuses répétitions d’écrivains zélés, dont l’un n’ajoute à l’autre qu’un verbiage, plus propre à fortifier, qu’à saper les fondemens de l’athéisme. Le volume des preuves qu’on tire du spectacle de la nature, ne leur donne pas plus de force. La structure seule d’un doigt, d’une oreille, d’un œil, une observation de Malpighi, prouve tout, & sans doute beaucoup mieux que Descartes & Mallebranche ; ou tout le reste ne prouve rien. Les déistes & les chrétiens mêmes devroient donc se contenter de faire observer que dans tout le règne animal, les mêmes vues sont exécutées par une infinité de divers moyens, tous cependant exactement géométriques. Car de quelles plus fortes armes pourroit-on terrasser les athées ? Il est vrai que si ma raison ne me trompe pas, l’homme & tout l’univers semblent avoir été destinés à cette unité de vues. Le soleil, l’air, l’eau, l’organisation, la forme des corps, tout est arrangé dans l’œil, comme dans un miroir qui présente fidèlement à l’imagination les objets qui y sont peints, suivant les loix qu’exige cette infinie variété de corps qui servent à la vision. Dans l’oreille, nous trouvons par-tout une diversité frappante, sans que cette diversité frappante, sans que diverse fabrique de l’homme, des animaux, des oiseaux, des poissons, produise