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faire, tous les gens lourds ont reconnu d’abord le léger auteur ; vous ne passerez jamais pour un bon esprit ; vous n’êtes ni assez sérieux, ni même, j’ose le dire, assez sot. On vous prouvera que vous n’avez fait qu’une seule fois trêve à tant de légèreté ; c’est lorsque vous avez montré cette pénible exactitude qu’on a remarquée dans le parallèle frappant que vous avez fait de l’homme & de l’animal. On le sait : ces deux espèces du même règne se ressemblent parfaitement, si ce n’est qu’on veuille dire que la figure d’un ours n’est pas tout-à-fait celle d’une jolie femme ; & il est évident que l’intelligence de l’un ne diffère que de quelques degrés (si considérables qu’on voudra) de l’intelligence de l’autre. Conclusions forcées cependant, ne vous en déplaise, mon esprit, toutes celles que vous avez si clairement & si laconiquement déduites de l’analogie de l’organisation, & des opérations animales ! Il falloit être aussi rusé que votre compatriote, c’est-à-dire, laisser tirer aux autres de si dangereuses conséquences. Descartes a montré la plus prudente adresse ; & vous n’êtes, car il faut que je vous gronde, qu’un franc étourdi. Ce grand philosophe a dit, l’animal est ainsi fait ; l’homme est ainsi fait : il a montré les deux tableaux ; mais il n’a pas dit : voyez combien ils se ressemblent ! Au contraire, il s’est fort bien passé d’âme dans les animaux pour expliquer leurs mou-