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feu, moins réels encore que ceux de Pascal[1] ? Qu’est-il besoin de recourir à des fables, comme un pape de bonne foi l’a dit lui-même, pour tourmenter les malheureux mêmes qu’on fait périr, parce qu’on ne les trouve pas assez punis par leur propre conscience, qui est leur premier bourreau ? Ce n’est pas que je veuille dire que tous les criminels soient injustement punis ; je prétens seulement que ceux dont la volonté est dépravée, & la conscience éteinte, le sont assez par leurs remords, quand ils reviennent à eux-mêmes ; remords, j’ose encore le dire, dont la nature auroit dû en ce cas, ce me semble, délivrer des malheureux entrainés par une fatale nécessité.

  1. Dans un cercle, ou à table, il lui falloit toujours un rempart de chaises, ou quelqu’un dans son voisinage du côté gauche, pour l’empêcher de voir les abîmes épouvantables dans lesquels il craignoit quelquefois de tomber, quelque connoissance qu’il eût de ces illusions. Quel effrayant effet de l’Imagination, ou d’une singulière circulation dans un lobe du cerveau ! Grand homme d’un côté, il étoit à moitié fou de l’autre. La folie & la sagesse avoient chacune leur département, ou leur Lobe, séparé par la faux. De quel côté tenoit-il si fort à Mrs. de Port-Royal  ? J’ai lu ce fait dans un extrait du traité du vertige de Mr. de la Mettrie.