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ne sont que des parties de l’âme nullement absolues, mais de véritables modifications de cette espèce de toile médullaire, sur laquelle les objets peints dans l’œil, sont renvoyés, comme d’une lanterne magique.

Mais si tel est ce merveilleux & incompréhensible résultat de l’organisation du cerveau ; si tout se conçoit par l’imagination, si tout s’explique par elle ; pourquoi diviser le principe sensitif qui pense dans l’homme ? N’est-ce pas une contradiction manifeste dans les partisans de la simplicité de l’esprit ? Car une chose qu’on divise, ne peut plus être sans absurdité, regardée comme indivisible. Voilà où conduit l’abus des langues, & l’usage de ces grands mots, spiritualité, immatérialité, &c. placés à tout hasard, sans être entendus, même par des gens d’esprit.

Rien du plus facile que de prouver un systême, fondé comme celui-ci, sur le sentiment intime & l’expérience propre de chaque individu. L’imagination, ou cette partie fantastique du cerveau, dont la nature nous est aussi inconnue, que sa manière d’agir, est-elle naturellement petite, ou foible ? elle aura à peine la force de comparer l’analogie, ou la ressemblance de ses idées ; elle ne pourra voir que ce qui sera vis-à-vis d’elle, ou ce qui l’affectera le plus vivement ; & encore de quelle manière ! Mais toujours est-il vrai que l’imagination seule