Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome troisième, 1796.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que qualité, de ce que c’est que quantité, & de ce qu’on entend par substance ».

Je ne sais si vous entendez mieux ce jargon que le précédent ; car moi qui vous le tiens, je n’y vois que ce qu’on appelle galimathias ou amphigouri. Tout ce que je sais, c’est qu’à l’aide d’un pareil verbiage, il ne tient qu’à vous d’être aussi orthodoxe qu’un sot, ou l’anonyme.

Vous n’avez, dites-vous, aucune idée de substance. L’ignorant ! & ignorant d’autant plus à plaindre, qu’il est présomptueux. Je suis sûr que vous composez vos ouvrages sans le secours de qui que ce soit : que vous osez faire imprimer ce qui vous paroît raisonnable ou évident. C’est un grand malheur, que de s’obstiner à se conduire de la sorte. Si vous daignez vous abaisser jusqu’à en consulter d’autres, sur-tout des théologiens, car ce sont de grands philosophes, vous auriez une notion claire de ce qu’on nomme substance, & vous reviendriez de bien des erreurs où vous êtes.

Vous donnez à tout un nom imposant, qui n’en impose qu’au vulgaire : celui de la liberté philosophique. Libertinage d’esprit, vous dis-je. Et ne pas mettre le cœur même de la partie, c’est une grâce qu’en conscience un dévot ne peut vous faire.

Il s’agit vraiment bien de liberté, quand on ose toucher à la pierre fondamentale de la reli-