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de l’âme, avant feu M. de la Peyronnie, qui cependant a illustré cette opinion par une foule d’expériences.

Après tous les quadrupèdes, ce sont les oiseaux qui ont le plus de cerveau. Les poissons ont la tête grosse, mais elle est vuide de sens, comme celle de bien des hommes. Ils n’ont point de corps calleux, & fort peu de cerveau, lequel manque aux Insectes.

Je ne me répandrai point en un plus long détail des variétés de la nature, ni en conjectures, car les unes & les autres sont infinies, comme on en peut juger en lisant les seuls traités de Willis de Cerebro & de ánima brutorum.

Je concluerai seulement ce qui s’ensuit clairement de ces incontestables observations, 1o. que plus les animaux sont farouches, moins ils ont de cerveau ; 2o. que ce viscère semble s’agrandir en quelque sorte, à proportion de leur docilité ; 3o. qu’il y a ici une singulière condition imposée éternellement par la nature, qui est que plus on gagnera du côté de l’esprit, plus on perdra du côté de l’instinct. Lequel l’emporte de la perte, ou du gain ?

Ne croyez pas au reste que je veuille prétendre par là que le seul volume du cerveau suffise pour faire juger du degré de docilité des animaux ; il faut que la qualité réponde encore à la quantité,