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s’il n’en trouve une semblable. L’esprit se rouïlle avec ceux qui n’en ont point, faute d’être exercé : à la paume, on renvoit mal la balle, à qui la sert mal. J’aimerois mieux un homme intelligent, qui n’auroit eu aucune éducation, que s’il en eût eu une mauvaise, pourvû qu’il fût encore assez jeune. Un esprit mal conduit, est un acteur que la province a gâté.

Les divers états de l’âme sont donc toujours corrélatifs à ceux du corps. Mais pour mieux démontrer toute cette dépendance, & ses causes, servons-nous ici de l’anatomie comparée ; ouvrons les entrailles de l’homme & des animaux. Le moyen de connoître la nature humaine, si l’on n’est éclairé par une juste parallèle de la structure des uns & des autres !

En général la forme & la composition du cerveau des quadrupèdes est à peu près la même que dans l’homme. Même figure, même disposition pour tout, avec cette différence essentielle, que l’homme est de tous les animaux, celui qui a le plus de cerveau, & le cerveau le plus tortueux, en raison de la masse de son corps ; ensuite le singe, le castor, l’éléphant, le chien, le renard, le chat &c. Voilà les animaux qui ressemblent le plus à l’homme ; car on remarque aussi chez eux la même analogie graduée, par rapport au corps calleux, dans lequel Lancisi avoit établi le siège