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C’est peu pour cette fille timide & modeste d’avoir perdu toute honte & toute pudeur ; elle ne regarde plus l’inceste, que comme une femme galante regarde l’adultère. Si ses besoins ne trouvent pas de promts soulagemens, ils ne se borneront point aux simples accidens d’une passion utérine, à la manie, &c. cette malheureuse mourra d’un mal, dont il y a tant de médecins.

Il ne faut que des yeux pour voir l’Influence nécessaire de l’âge sur la raison. L’âme suit les progrès du corps, comme ceux de l’éducation. Dans le beau sexe, l’âme suit encore la délicatesse du tempérament : de là cette tendresse, cette affection, ces sentimens vifs, plutôt fondés sur la passion que sur la raison ; ces préjugés, ces superstitions, dont la forte empreinte peut à peine s’effacer &c. L’homme, au contraire, dont le cerveau & les nerfs participent de la fermeté de tous les solides, a l’esprit, ainsi que les traits du visage, plus nerveux : l’éducation, dont manquent les femmes, ajoute encore de nouveaux degrés de force à son ame. Avec de tels secours de la nature & de l’art, comment ne seroit-il pas plus reconnoissant, plus généreux, plus constant en amitié, plus ferme dans l’adversité ? &c. Mais, suivant à peu près la pensée de l’auteur des Lettres sur les Physionomies : qui joint les graces de l’esprit & du corps à presque tous les sentimens du cœur