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l’horreur du vuide, quelle étonnante philosophie aurions-nous ? »

J’ai fait voir combien le raisonnement de M. Pluche est vicieux[1], afin de prouver premièrement, que s’il y a une révélation, elle n’est point suffisamment démontrée par la seule autorité de l’église, & sans aucun examen de la raison, comme le prétendent tous ceux qui la craignent. Secondement, pour mettre à l’abri de toute attaque la méthode de ceux qui voudroient suivre la voit que je leur ouvre, d’interpréter les choses surnaturelles, incompréhensibles en soi, par les lumières que chacun a reçues de la nature.

L’expérience & l’observation doivent donc seules nous guider ici. Elles se trouvent sans nombre dans les fastes des médecins, qui ont été philosophes, & non dans les philosophes, qui n’ont pas été médecins. Ceux-ci ont parcouru, ont éclairé le labyrinthe de l’homme ; ils nous ont seuls dévoilé ces ressorts cachés sous des enveloppes, qui dérobent à nos yeux tant de merveilles. Eux seuls, contemplant tranquillement notre âme, l’ont mille fois surprise, & dans sa misère, & dans sa grandeur, sans plus la mépriser dans l’un de ces états, que l’admirer dans l’autre. Encore une fois, voilà les seuls physiciens qui aient droit de parler ici. Que

  1. Il pèche évidemment par une pétition de principe.