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qui seroit faite des élémens les plus précieux. Ce n’est pas être philosophe, que de rougir avec Pline, de la misère de notre origine. Ce qui paroit vil, est ici la chose la plus précieuse, & pour laquelle la nature semble avoir mis le plus d’art & le plus d’appareil. Mais comme l’homme, quand même il viendroit d’une source encore plus vile en apparence, n’en seroit pas moins le plus parfait de tous les êtres ; quelle que soit l’origine de son âme, si elle est pure, noble, sublime, c’est une belle âme, qui rend respectable quiconque en est doué.

La seconde manière de raisonner de M. Pluche me paroit vicieuse, même dans son systême, qui tient un peu du fanatisme ; car si nous avons une idée de la foi, qui soit contraire aux principes les plus clairs, aux vérités les plus incontestables, il faut croire, pour l’honneur de la révélation & de son auteur, que cette idée est fausse, & que nous ne connoissons point encore le sens des paroles de l’évangile.

De deux choses l’une ; ou tout est illusion, tant la nature même, que la révélation ; ou l’expérience seule peut rendre raison de la foi. Mais quel plus grand ridicule que celui de notre auteur ? Je m’imagine entendre un Péripaticien, qui diroit : « Il ne faut pas croire l’expérience de Toricelli : car si nous la croyions, si nous allions bannir