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lisé la matière, que matérialisé l’âme. Comment peut-on définir un être, dont la nature nous est absolument inconnue ?

Descartes, & tous les Cartésiens, parmi lesquels il y a long-tems qu’on a compté les Mallebranchistes, ont fait la même faute. Ils ont admis deux substances distinctes dans l’homme, comme s’ils les avoient vues & bien comptées.

Les plus sages ont dit que l’âme ne pouvoit se connoître, que par les seules lumières de la foi : cependant en qualité d’êtres raisonnables, ils ont cru pouvoir se réserver le droit d’examiner ce que l’écriture a voulu dire par le mot Esprit, dont elle se sert, en parlant de l’âme humaine ; & dans leurs recherches, s’ils ne sont pas d’accord sur ce point avec les théologiens, ceux-ci le sont-ils davantage entr’eux sur tous les autres ?

Voici en peu de mots le résultat de toutes leurs réflexions.

S’il y a un dieu, il est auteur de la nature, comme de la révélation ; il nous a donné l’une pour expliquer l’autre, & la raison, pour les accorder ensemble.

Se défier des connoissances qu’on peut puiser dans les corps animés, c’est regarder la nature & la révélation, comme deux contraires qui se détruisent, & par conséquent, c’est oser soutenir