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L’HOMME

MACHINE.



Il ne suffit pas à un sage d’étudier la nature & la vérité ; il doit oser la dire en faveur du petit nombre de ceux qui veulent & peuvent penser ; car pour les autres, qui sont volontairement esclaves des préjugés, il ne leur est pas plus possible d’atteindre la vérité, qu’aux grenouilles de voler.

Je réduis à deux, les systêmes des philosophes sur l’âme de l’Homme. Le premier, & le plus ancien, est le systême du matérialisme ; le second est celui du spiritualisme.

Les métaphisiciens, qui ont insinué que la matière pourroit bien avoir la faculté de penser, n’ont pas deshonoré leur raison. Pourquoi ? C’est qu’ils ont un avantage (car ici c’en est un), de s’être mal exprimés. En effet, demander si la matière peut penser, sans la considérer autrement qu’en elle-même, c’est demander si la matière peut marquer les heures. On voit d’avance que nous éviterons cet écueil, où M. Locke a eu le malheur d’échouer.

Les Leibnitiens, avec leurs Monades, ont élevé une hypothèse inintelligible. Ils ont plutôt spiritua-