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donné les airs de lui accorder ! vous vous mirez dans vos ouvrages, comme un père tendre dans un enfant bien tourné. Rendez-vous justice : vous n’êtes qu’un cerveau brûlé, où tout se calcine, rien ne mûrit : nulles idées suivies, point de vues profondes ; on peut dire que vous ne marchez point & ne faites que sauter. On peut encore vous comparer à une terre qui produit des fruits précoces, mais cruds ; nouveaux, mais pernicieux. Enfin il y en a qui, par une raison que Boileau nous a donnée, disent que vous êtes fou ; fou non sérieux, par bonheur pour la société ; mais gai, qui, sans cesser de l’être, s’est fait une armée d’ennemis, composée, comme dans une assemblée d’états, de la noblesse, du tiers état & du clergé. Pourquoi ? Oh ! la belle raison ! Pour une reine décriée, si elle fut jamais reine, la vérité. Peut-on faire un si mauvais usage de la raison ? Tous les moyens qui tournent le dos à la fortune ne sont-ils pas des abus de l’esprit ? Pourquoi avez-vous fait, par exemple, pour citer une de vos folies, l’homme-machine ? Dites-le nous en confidence ; seroit-ce pour la vanité d’imprimer ce que les gens sensés, ce que tous ceux qui voient le train de ce monde, se disent à l’oreille ? Il faut cependant vous pardonner, quels que foient vos motifs ; vous avez été forcé de les avoir & de les suivre. « Mais quand pouvez-vous ? si votre machine est