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À MONSIEUR HALLER,

PROFESSEUR EN MÉDECINE,

À GOTTINGUE.

(En tête de la première Édition.)



Ce n’est point ici une dédicace ; vous êtes fort
au-dessus de tous les éloges que je pourrois vous donner ; & je ne connois rien de si inutile, ni de si fade, si ce n’est un discours académique. Ce n’est point une exposition de la nouvelle méthode que j’ai suivie pour relever un sujet usé & rebattu. Vous lui trouverez du moins ce mérite ; & vous jugerez au reste si votre disciple & votre ami a bien rempli sa carrière. C’est le plaisir que j’ai eu à composer cet ouvrage, dont je veux parler ; c’est moi-même, non mon livre que je vous adresse, pour m’éclairer sur la nature de cette sublime volupté de l’étude. Tel est le sujet de ce discours. Je ne serois pas le premier écrivain, qui, n’ayant rien à dire, pour réparer la stérilité de son imagination, auroit pris un texte, où il n’y en eut jamais. Dites-moi donc, double enfant d’Apollon, Suisse Illustre, Fracastor moderne, vous qui savez tout à la fois connoître, mesurer la nature, qui plus est la sentir, qui plus est encore l’exprimer : savant médecin, encore plus grand poëte, dites-moi par quels charmes l’étude