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AVERTISSEMENT

DE

L’IMPRIMEUR.

(En tête de la première Édition.)



On sera peut-être surpris que j’aie osé mettre mon nom à un livre aussi hardi que celui-ci. Je ne l’aurois certainement pas fait, si je n’avois cru la religion à l’abri de toutes les tentatives qu’on fait pour la renverser ; & si j’eusse pu me persuader qu’un autre Imprimeur n’eût pas fait très volontiers ce que j’aurois refusé par principe de conscience. Je sais que la prudence veut qu’on ne donne pas occasion aux esprits foibles d’être séduits. Mais en les supposant tels, j’ai vu à la première lecture qu’il n’y avoit rien à craindre pour eux. Pourquoi être si attentif, & si alerte à supprimer les argumens contraires aux idées de la divinité & de la religion ? Cela ne peut-il pas faire croire au Peuple qu’on le leurre ? & dès qu’il commence à douter, adieu la conviction, & par conséquent la religion ! Quel moyen, quelle espérance, de confondre jamais les irréligionnaires, si on semble les redouter ? Comment les ramener, si en leur défendant de se servir de leur raison, on se contente de déclamer